Altérité – lien entre identités féminine et masculine

Le Constat

Man and a Woman with Their Heads Together SmilingQu’est-ce que l’altérité ? Le Dictionnaire Le Robert nous donne la définition suivante : L’altérité est un concept philosophique signifiant « le caractère de ce qui est autre». Et pour plus de compréhension, la définition de Wikipedia: l’altérité est un témoignage de compréhension de la particularité de chacun, hors normalisation, individuellement ou en groupe. L’altérité implique une relation laïque, accueillante, qui s’associe au métissage des cultures, éloignée de la notion de tolérance. L’altérité est étroitement liée à la conscience de la relation aux autres en tant qu’ils sont différents et ont besoin d’être reconnus dans leur droit d’être eux-mêmes et différents.

Notre société ne reconnaît plus l’altérité. D’une part elle hyper-féminise les relations homme-femme au nom de l’inégalité subie pour la femme depuis la nuit des temps. Les hommes doivent impérativement effectuer les mêmes tâches que la femme. La société de consommation. D’autre part, elle hypersexualise les besoins marchands, rendant la moindre voiture objet de désir sexuel, ce qui devrait choquer profondément les féministes tant le corps de la femme est objettisé. Enfin, la Théorie du Gender et l’omniprésence de l’homosexualité dans notre culture, au nom de l’homophobie, impose que les corps et les esprits soient hermaphrodites: ni homme- ni femme. En bref, on s’y perd.

Alors, revenons aux bases: pourquoi sommes-nous homme  et femme? Pourquoi l’altérité  est-elle essentielle?

Etre sexué, c’est être limité

Au plan des spécificités structurelles, le mot sexe a une racine latine qui veut dire couper. La femme et l’homme ne peuvent s’aimer que parce qu’ils sont séparés, tout autre. L’amour  est un ordre relationnel fondé sur l’altérité, indique Tony Anatrella, psychiatre. De ce fait, selon lui, être sexué, c’est être limité, c’est renoncer à la toute-puissance et entrer en relation avec l’autre, si différent.  Le déni de cette structure psycho-physique propre à la femme  a d’une certaine manière, conduit la société française à adopter des lois comme le PACS, tentant d’inscrire dans la loi le déni de la différence sexuelle, alors qu’elle est le fondement du lien social.

Toujours selon Tony Anatrella, l’altérité se  traduit avec force dans la processus de la maternité[ii] :

« On admet habituellement que la femme est plus capable que l’homme d’attention à la personne humaine concrète, et que la maternité développe encore cette disposition. »

L’homme – même s’il prend toute sa part dans cette fonction des parents- se trouve toujours «à l’extérieur» du processus de la gestation et de la naissance de l’enfant, et, à bien des égards, il lui faut apprendre de la mère sa propre «paternité». »

La menace pesant sur l’unité homme-femme

La dissociation du sexe d’avec les pratiques sexuelles (nomadisme, relations homosexuelles,…) et la considération de la maternité comme un fardeau, empêchent l’altérité : l’homme n’appelle plus la femme, ni le couple l’enfant. Michel Onfray, philosophe, dit que « chaque registre est vécu séparément, de façon autonome, régi par le seul désir, la seule volonté de jouissance, sans considération aucune des effets sociaux. »[iii] Or, assouvir ses désirs est conforme à la nature de l’Homme mais il ne faut pas perdre de vue les désirs qui mènent à une relation d’altérité c’est-à-dire de don et d’amour.

Et Michel Boyancé renforce la nécessité de l’altérité[iv] :

« La personne, comme être substantiel réel, se réalise dans sa capacité d’être homme-père et femme-mère. Dès lors la compréhension de la division sexuelle passe par le troisième terme de la relation : l’enfant. L’enfant est le tiers qui permet l’altérité. »

Le Livre de la Genèse aux chapitres 2 et 3 montre comment un déséquilibre se produit dans les rapports originels entre l’homme et la femme; écoutons Jean-Paul II : « Quand donc nous lisons dans la description biblique les paroles adressées à la femme: «Le désir te portera vers ton mari, et lui dominera sur toi» (Gn 3, 16), nous découvrons une rupture et une menace constante affectant précisément cette «unité des deux» qui correspond à la dignité de l’image et de la ressemblance de Dieu en chacun d’eux. Mais cette menace apparaît plus grave pour la femme. En effet, dans une existence qui est un don désintéressé et qui va jusqu’à vivre «pour» l’autre s’introduit le fait de la domination: «Lui dominera sur toi »[…] Si la violation de cette égalité, qui est à la fois un don et un droit venant de Dieu Créateur lui-même, comporte un élément défavorable à la femme, par le fait même elle diminue aussi la vraie dignité de l’homme. Nous touchons ici un point extrêmement délicat dans le domaine de l’«ethos» inscrit dès l’origine par le Créateur dans le fait même de la création des deux à son image et à sa ressemblance. »[v]

Lors d’un entretien anonyme intitulé  Le désir homo ne rencontre pas l’autre en vérité, une femme anonyme,  ex-lesbienne, parle ainsi de l’altérité: « La force des sentiments, elle est là et bien là. Le désir, il est là aussi. En fait il ne manque qu’une chose: l’incarnation dans l’altérité. Derrière cette formulation un peu pompeuse il y a une réalité très concrète: une insatisfaction profonde qui se mue en une sorte de frénésie, de rage. Beaucoup de couples homos que j’ai fréquenté trompent cette insatisfaction par une surconsommation d’objets (maisons-musées, boulimie de voyages, d’achats) un peu comme si il fallait toujours avoir plus faute de pouvoir être plus. Avec mes compagnes successives, c’est dans la sexualité que cette démesure se faisait jour.[…]

D’autres enfin décident de nier, plus ou moins consciemment, cette idée de non-incarnation dans l’altérité en faisant comme si elle était là, cette altérité.

Et ils « jouent » à papa-maman en essayant de réécrire la réalité. Ce sont elles/eux qui se font inséminer ou trouvent une mère porteuse. J’ai vécu ça avec ma dernière compagne: nous aurions tant voulu que ces enfants soient les nôtres. »

La femme pas sans l’homme – l’homme pas sans la femme

Pour reconnaître l’altérité dans le couple homme-femme, il faut que chacun reconnaisse et apprécie la différence de l’autre. Cela demande un apprentissage qui ne saute pas aux yeux au début d’une relation car on est aveuglé par le sentiment amoureux voire fusionnel. Mais, le temps faisant, ces différences se font de plus en plus apparentes, saillantes et finalement, peuvent créer un sentiment d’incompréhension et de frustration au point d’aller vers l’irréconciliable et la séparation.Quel dommage! en effet, l’homme s’enrichit à travers le regard d’amour et de vérité que la femme pose sur lui et vice versa.

Alors, comment peut s’articuler la relation à l’homme dans ses différences et ses ressemblances ? Tout d’abord, l’homme et la femme se reçoivent l’un de l’autre; la psychanalyste Marie Balmary nous explique comment : « Nous avons vu dans le texte hébreu de la Création que les mots “homme” et “femme” apparaissent, non pas lorsque les humains sont créés – ils ne sont appelés encore que “mâle” et “femelle” -, mais seulement lorsqu’ils se rencontrent l’un l’autre. Selon le récit de la Bible hébraïque lu mot à mot, Dieu ne crée que l’humain “adam” mâle et femelle, et

l’humain ne deviendra “homme et femme” que par la relation entre eux, la rencontre de paroles

au deuxième chapitre de la Genèse. »[vi] C’est donc dans la relation interpersonnelle et, en particulier, dans la relation et la parole entre l’homme et la femme que l’homme accomplit sa vocation d’homme et la femme sa vocation de femme.

Marie Hendrickx,  une des rares femmes participant à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, lors d’une intervention en 2007 sur le thème: “Aimée pour être aimée à son tour »,  commente[vii] :

« Dieu ne pense pas la femme sans l’homme ni l’homme sans la femme. Il ne peut vouloir l’un sans l’autre si ce sont bien des sujets, des partenaires, qu’Il désire car ils ne deviennent tels que l’un par l’autre. »

Et, le pape Jean-Paul II, évoque le caractère unitif des vocations propres à l’homme et à la femme : « De nos jours, la question des ‘droits de la femme’ a pris une portée nouvelle dans le vaste contexte des droits de la personne humaine. Eclairant ce programme constamment déclaré et rappelé de diverses manières, le message biblique et évangélique sauvegarde la vérité sur l’« unité » des « deux », c’est-à-dire sur la dignité et la vocation qui résultent de la différence et de l’originalité personnelles spécifiques de l’homme et de la femme. C’est pourquoi même la juste opposition de la femme face à ce qu’expriment les paroles bibliques « lui dominera sur toi » (Gn 3, 16) ne peut sous aucun prétexte conduire à « masculiniser » les femmes. La femme ne peut- au nom de sa libération de la « domination » de l’homme- tendre à s’approprier les caractéristiques masculines, au détriment de sa propre « originalité » féminine. Il existe une crainte fondée qu’en agissant ainsi la femme ne « s’épanouira » pas mais pourrait au contraire déformer et perdre ce qui constitue sa richesse essentielle. »[viii]

La complémentarité homme-femme se déploie en particulier dans cette reconnaissance de l’aide mutuelle que les époux s’apportent et du statut de chef de famille endossé par le père de famille, pour le plus grand bien de tous ses membres. Cette idée est à contre-courant de notre époque qui prône une égalité égalitariste et ne reconnait pas la vocation de chacun comme spécifique et unique. Ceci est particulièrement vrai dans le contexte de parents divorcés assurant une garde partagée, où la femme assume à 50% du temps le rôle de père et de mère et idem pour l’homme ou le couple se rapproche de maman et maman bis.


[ii] Lettre Apostolique Mulieris Dignitatem,Jean-Paul II, Article 18
[iii] Michel Onfray, Les vertus de la foudre, Grasset, 1998, page 173
[iv] Masculin, Féminin, quel avenir ? Michel Boyancé, Edifa Mame, 2007 page 79
[v] Lettre Apostolique Mulieris Dignitatem,Jean-Paul II, Article 10
[vi] Intervention du 18 janvier 2007 de Marie Balmary, Psychanalyste, sur le thème « Homme et Femme au commencement »
[vii] Intervention du 1er mars 2007 de Marie Hendrickx, sur le thème: “Aimée pour être aimée à son tour. »
[viii] Lettre Apostolique Mulieris Dignitatem,Jean-Paul II, Article 10

Crédits photos : Close-up of a smiling happy couple – Provided by Microsoft

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