Le rôle de l’ONU

Le Constat

femme et fille Asie2Les principes ayant présidés à la création de l’ONU sont hautement louables et continuent de contribuer à la paix dans le monde et au développement de pays pauvres, entre autres par l’éducation. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme signée à Paris en décembre 1948 a fait date et fait référence dans l’ordre juridique interne des nombreux pays. Cependant, ses actions contraignantes au sujet du Contrôle des Naissances transforment en profondeur notre culture sur le rapport à la Vie et de ce fait, sur la définition de la Woman Attitude. Plusieurs grandes conférences de l’ONU ayant trait à la Femme et à la Santé Reproductive sont remarquables pour notre réflexion. Nous investiguerons aussi les méthodes employées par l’ONU

Conférence du Pakistan de 1969 = Le Planning Familial

En 1969, le Président du Population Council du FNUAP (Fonds de Nations Unies pour les Activités de Populations, agence de l’ONU), Bernard Berelson, cite de nombreux exemples de planification familiale aux Etats-Unis lors de la Conférence Internationale du Pakistan sur le planning familial.

Les propositions de cette conférence sont consignées dans un document intitulé Population Control. Implications, trends and prospects, dont voici un résumé mettant en gras les points que l’on retrouve en acte ou en discussion dans les lois européennes, afin de montrer combien l’ONU a une action culturelle très puissante et efficace sur nos sociétés.

  •  Extension du contrôle volontaire de la fécondité : institutionnalisation des soins maternels, légalisations de l’avortement, promotion de la stérilisation.
  • Etablissement du contrôle involontaire de la fécondité : permis d’avoir un enfant; avortement obligatoire pour les grossesses hors mariage; stérilisation obligatoire des hommes qui ont trois enfants ou plus.
  • Campagnes éducatives intensifiées : introduction de matériel de planning familial dans les écoles ; utilisation de la TV
  • Programmes d’encouragement : paiement direct (ou son équivalent, comme un poste de radio) pour retarder une grossesse, pour se faire stériliser, pour accepter la contraception.
  • Taxes, assistance publique et pénalités : suppressions des allocations familiales après le nème enfant; diminution des facilités de logement; bourses d’étude et prêts favorables aux familles ayant moins d’enfants, taxe sur les naissances, inversion des avantages fiscaux pour favoriser les célibataires ou les gens sans enfant; attribution préférentielle de logement aux familles sans enfants; pensions pour les parents ayant peu ou pas d’enfants.
  • Changement dans les institutions sociales et politiques : augmentation de l’âge du mariage ; promotion ou exigence de la participation de la femme à la force de travail; restructuration sélective de la famille par rapport au reste de la société : manipulation directe de la structure familiale elle-même –efforts planifiés pour diminuer la fonction de socialisation de la famille, pour réduire l’utilité non-économique de la progéniture, ou en introduisant des distractions non-familiales et des occasions de dépenses dans la vie des gens, en s’appuyant spécifiquement sur le travail des femmes en dehors de la maison, ce qui aboutit, au-delà d’une restructuration sélective de la famille, à celle des rapports sociaux; promotion de deux types de mariage : l’un sans enfants, l’autre avec autorisation d’avoir des enfants; amélioration du statut de la femme.
  • Approche par les canaux politiques et les organisations : contrôle de la population comme condition de l’aide extérieure; création de puissantes super-agences pour contrôler la population; promotion de la Croissance Zéro de la Population comme politique mondiale et nationale. Pressions politiques sur les gouvernements ou les groupes religieux qui entravent la « solution » du problème de population, pouvant aller jusqu’à favoriser des changements de souveraineté.
  • Augmentation des efforts de recherche : recherche sociale pour découvrir les moyens d’en arriver à la baisse de la fécondité : recherches biologiques en matière de contraception; recherches pour déterminer le sexe.[i]

 Ce document montre bien l’intuition que la volonté d’autonomiser la femme, de la libérer des contingences biologiques de la maternité et de la sortir à tout prix du foyer familial ont les conséquences que nous constatons 40 ans plus tard : baisse de la fécondité, accroissement des richesses matérielles et rupture du lien social qu’est la famille.[ii]

Conférence de Bucarest de 1974 et Rapport Kissinger – Contrôle démographique

L’explosion démographique projetée par les experts dans les années 50-60 a donné lieu à des campagnes sur la famine et la dégradation environnementale.  La Conférence de Bucarest de 1974 va s’appuyer sur cette projection démographique alarmante et sur une étude intitulée Implications de la Croissance Mondiale de la Population pour la Sécurité Américaine et les Intérêts Outre-mer aussi connu sous le nom de Rapport Kissinger ou Memorandum 200. Sous la direction de Henry Kissinger, le message de ce rapport, rendu public en 1989, était que la croissance démographique des pays en voie de développement (PVD) était susceptible de devenir un problème de sécurité pour l’Amérique : une source de déstabilisation sociale, et donc une menace à l’approvisionnement des ressources nécessaires à l’économie américaine. Dès lors, le contrôle démographique à travers la planification familiale devient un objectif prioritaire de la politique étrangère américaine et de l’Occident en général.

Le financement du contrôle démographique augmentait tandis que l’aide aux programmes de santé aux Pays en Voie de Développement diminuait : l’ONU décide alors d’intégrer les programmes de population dans les programmes de santé. Contrôle de Population et Santé Maternelle ne font alors plus qu’un !

La Conférence de Bucarest eut une autre conséquence : l’élimination du mot parents et la reconnaissance du droit fondamental de tous les couples et individus de décider de manière libre et responsable du nombre et de l’espacement de leurs enfants et d’avoir l’information, l’éducation et les moyens de le faire. Le « Droit de Choisir » était né ! Il faut noter que les membres de l’IPPF (Planning Faminial) International étaient déjà présents dans des délégations nationales, en particulier asiatiques et occidentales.

Conférence de Mexico de 1984= Objectifs Antinatalistes dans les PVD

La Conférence de Mexico de 1984, sous la présidence de Ronald Reagan, marque un changement de discours : on s’était aperçu que la théorie de l’explosion démographique était neutre économiquement donc sans menace particulière pour l’Amérique. Les Etats-Unis retirent leur financement aux activités de population comportant la pratique de l’avortement et leur contribution volontaire à l’IPPF et au FNUAP. La Chine, en revanche, devient favorable aux mesures de réduction de population. L’Inde, le Pakistan et d’autres PVD à forte natalité dévoilent leurs objectifs antinatalistes. En conclusion, la Conférence de Mexico donne des recommandations concrètes pour la planification familiale et souligne l’importance de l’information pour les adolescents, l’importance du rôle des hommes et du rôle et du statut des femmes, thèmes repris onze ans plus tard à la Conférence de Pékin, conférence qui fera date pour la promotion du Féminisme.

Conférence du Caire de 1994 = Safe and Legal Abortion

La Conférence du Caire de 1994 se tient en parallèle de l’effondrement du mythe de la surpopulation. L’ONU commence même à s’inquiéter de la dépopulation de certaines régions du monde, notamment en Europe !  Du contrôle de la population, le message devient :

Les individus doivent s’approprier et internaliser la mentalité contraceptive et abortive et s’identifier à la révolution érotique.

Une transformation des mentalités est donc proposée par le biais du combat des valeurs traditionnelles et une « discussion franche et ouverte sur la sexualité ». C‘est la première fois que l’on va entendre parler de Safe and Legal Abortion, slogan de Bill Clinton à la Conférence. La Plateforme du Caire prône le principe du partenariat entre les ONG et les gouvernements et parle d’avantage comparatif des ONGs dans l’application des politiques ONUsiennes : « les ONGs seraient plus fiables que les gouvernements, plus innovatrices, auraient une plus grande expérience du terrain, une plus grande capacité de rejoindre des populations délaissées par les gouvernements et une plus grande interaction avec la base. »[iii] On voit déjà se dessiner les contours des stratégies de l’ONU.

Conférence de la Femme à Pékin de  1995 = naissance la Théorie du Gender

La Conférence de Pékin de 1995, dernière Conférence Internationale pour la Femme en date, aidera en profondeur  la révolution culturelle qui s’est opéré dans notre société à l’égard de la Femme. Elle mondialise l’idéologie du Gender et du féminisme. Marguerite Peeters nous en fait un rapport:

« Les féministes considèrent  la structure  anthropologique féminine différente de celle de l’homme, comme une construction de la société patriarcale. La maternité ne fait pas partie du rôle de la femme : c’est une fonction qu’elle remplit pour la société. »

« On assiste à une déconstruction des stéréotypes, ce qui se révèle être l’objectif du Ministère de l’Education français actuel. Il faut inciter les filles à jouer aux voitures et les garçons aux poupées. On ne parle plus de complémentarité. C’est une attaque contre la vocation à l’amour de la femme. »[iv]

Depuis la Conférence de Pékin, « tout programme, tout projet, toute politique et toute activité de développement, gouvernementaux ou non, sont conçus dans le cadre analytique de l’idéologie du genre »[v]. Les conférences de Pékin et du  Caire vont définir un nouveau consensus mondial : la mise en œuvre de la théorie du Genre et l’uniformisation de  la vision de toutes les agences de l’ONU. A la suite du cycle des grandes conférences, Kofi Annan, dès son élection au Secrétariat Général en 1996, s’est attelé à réformer l’organisation de l’ONU pour mettre en œuvre la Plateforme du Caire et les objectifs de Pékin. On entre alors dans une ère de mise en application au niveau mondial des « droits de la femme », du « droit de choisir », du « droit à l’avortement sans danger »… On en voit les effets directs au niveau de l’Union Européenne : citons, par exemple la Résolution du 16 avril 2008

Adoption par l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe d’une Résolution invitant les 47 membres du Conseil à « dépénaliser l’avortement », dans l’objectif de « sauver la vie de la mère ».

Cette résolution tente désormais d’influencer les décisions de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), que celle-ci est saisie dans une affaire d’avortement. Elle suggère  faussement qu’il existe un « droit à l’avortement », qui ne fait l’objet d’aucun  consensus international. De plus la souveraineté de pays comme la Pologne ou l’Irlande qui s’oppose résolument à la légalisation de l’avortement est menacée.

Sommet de Millénaire à New York en 2000 = Egalité des Genres

Le Sommet du Millénaire qui s’est tenu en l’An 2000 à New York définit huit objectifs principaux appelés Objectifs du Millénaire pour le Développement dont le point numéro 3 est : Promouvoir l’égalité des Genres et l’autonomisation des femmes. Et Marguerite Peeters ajoute :

Un objectif non déclaré du Sommet du Millenium est de combattre les religions : toutes les barrières sont tombées sauf les religions. Les gouvernements  sont tombés et Internet a permis le passage du Global to Local. Il faut donc lutter maintenant contre les cultures traditionnelles véhiculées par les religions.[vi]

Stratégies de mise en application des objectifs de l’ONU

Mais comment se fait la mise en application de ses objectifs par l’ONU depuis 2000 ? L’ONU a mis au point une stratégie lui permettant d’assurer une véritable révolution culturelle. Nous allons nous concentrer sur l’OMD numéro 3 : celui qui concerne l’Egalité des Genres et l’autonomisation de la femme et étudier les moyens mis en œuvre pour opérer cette révolution.

Transformation du Langage

Une des techniques utilisées par l’ONU pour opérer sa révolution culturelle de l’ordre mondial est la transformation du langage. En effet, le réel se décrivant par le langage, transformer le langage revient à transformer le réel, lui donner une autre valeur, et ainsi changer la teneur morale de celle-ci. Ainsi, le glissement sémantique de plusieurs réalités ont permis de changer la culture en profondeur. Il est important d’y être sensibilisé, au risque de se laisser manipuler par le langage. En voici quelques exemples: on parle d’IMG (Interruption Médicale de Grossesse) ou d’avortement thérapeutique. Or, thérapeutique ou médical ne peut pas qualifier l’avortement car on supprime le malade et non la maladie. La vérité de l’avortement devient ainsi plus acceptable. De même, on parle de Projet parental pour justifier du désir d’accueillir un enfant déjà conçu ou un embryon congelé. Dans cette expression, l’embryon et le bébé sont déchus de leur nature humaine parce qu’ils ne seront accueillis que s’ils font l’objet d’un projet parental. L’ONU va aussi imposer des expressions pour établir un consensus verbal que l’on ne discutera pas et que l’on retrouvera dans la bouche de nos dirigeants politiques français: par exemple, on parlera de grossesses non désirées, de droits sexuels et reproductifs ou d’égalité des Genres (Gender equality), gommant ainsi la réalité biologique et la différence des sexes

Déprogrammation des pensées – Tactique du Salami

L’autre technique utilisée et la déprogrammation/reprogrammation des pensées. Selon Mgr Schooyans, la culture fait l’objet d’une déprogrammation pour pouvoir opérer une révolution culturelle. « Ce qu’il faut, d’après le FNUAP mais aussi d’après l’UNICEF et l’OMS, c’est pratiquer l’entrisme, c’est à  dire infiltrer les leaders culturels et les milieux chrétiens ; c’est changer les mentalités, les valeurs auxquelles on fait traditionnellement référence. En clair : il s’agit de faire une nouvelle révolution culturelle. […] Le processus mis en œuvre pour arriver à cette fin est indolore : c’est une séquence de démissions et de compromissions, comme le prescrit la célèbre Tactique du Salami. Mise au point en 1947 par Matyas Rakosi (1892-1971), secrétaire général du parti communiste hongrois, cette tactique a pour but de neutraliser puis de récupérer l’’adversaire en obtenant de lui, tranche par tranche, ce qu’il ne concèderait jamais en bloc. […] Il s’agit de compromettre les leaders, en particulier religieux, en les entraînant dans un engrenage d’alliances dont ils seront tôt ou tard honteux, mais dont ils ne pourront pas se dépêtrer, d’autant qu’ils sont parfois exposés au chantage »[vii].

Une fois les pensées déprogrammées de leur culture et leurs valeurs morales, l’ONU pourra ainsi faire passer ses idées et mettre en œuvre des programmes de stérilisation, de mise à disposition de la contraception et de l’avortement dans les pays concernés.

Exemples de stratégies réussies

Les exemples de stratégies de déploiement sont nombreux. Citons celui de l’inversion de la culture de respect de la vie au Guatemala. A la suite de la Conférence du Caire, « les présidents guatémaltèques de la Conférence Episcopale (catholique) et du Comité des Pasteurs protestants ont été approchés afin d’arriver à fonder leur implication dans les campagnes de santé reproductive sur des groupes proches de leur mentalité. On a montré à tous les évêques des indicateurs de santé reproductive. Il s’agissait de sensibiliser les prélats à ces questions ainsi qu’aux questions relatives à la population, d’infléchir les positions de l’Eglise à ce sujet, et de faire entendre des recommandations concernant le programme proposé. La Conférence Episcopale a été d’accord pour chercher des terrains d’entente et de participer, sous réserve que quelques points spécifiques ne pourraient être inclus dans la proposition si ces points pouvaient rompre  le consensus. Par ailleurs, la Conférence Episcopale a marqué son accord pour la divulgation d’informations sur la planification familiale (y compris les méthodes ‘modernes’ de planification familiale), pour le renforcement des mesures obstétriques d’urgence et de l’éducation sexuelle, et pour l’inclusion de l’analyse de la population dans les programmes de développement. » [viii]

Autre exemple : le FNUAP aide financièrement la Commission Catholique pour le Développement du Malawi qui a pour but de développer pour l’Eglise Catholique une politique sensible au Gender !

Un témoignage m’a été donné par une personne, membre d’une association caritative contre la pauvreté des femmes au sud de la Chine : « A chaque fois que nous arrivions dans ces petits villages de la province de Fujian, les femmes fuyaient et se cachaient. Après investigation, il s’avèrait qu’elle nous prenait pour le Planning Familial et craignaient que leurs enfants nés dans l’illégalité (Loi de l’enfant unique) soient tués et qu’elles-mêmes soient stérilisées de force. »

Effet concret de l'action de l'ONU sur l'identité de la femme

Au vu des exemples cités ci-dessus, nous devons dénoncer le déséquilibre qui existe entre les pays pauvres et les pays riches. La femme de pays pauvre est souvent victime de:

  • déséquilibre d’information au sujet des stratégies de contrôle des naissances en particulier, car  elle ne connaît souvent pas d’autres options que celles proposées par l’ONU
  • déséquilibre d’éducation – illettrisme, accès à la formation…
  • déséquilibre d’accès aux ressources naturelles  – eau, en particulier, semble être accessible de manière disparate entre homme et femme).

Pour aider les pays pauvres à régler ces problèmes d’inégalité et mettre en place des projets très louables, l’ONU va faire la promotion d’une politique de contrôle des naissances. Les politiques familiales des gouvernements concernés voient les aides versées par les pays riches conditionnées par la mise en œuvre de stratégies de frein à la croissance de la population. Or, si la croissance démographique freine le développement économique, ce n’est principalement pour des raisons d’accès équitable aux denrées alimentaires et de corruption. Et c’est là où l’ONU peut jouer son rôle efficacement et non en exerçant un chantage au contrôle des populations. 


[i] Population Control. Implications, trends and Prospects Auteur : Bernard Berelson remis à la Conférence Internationale du Pakistan en 1969. Document cité dans Le Terrorisme à Visage Humain de Mgr Schooyans, Editions FX de Guibert, édition révisée de 2008
[ii] Passage rédigé avec l’aide de La Mondialisation de la Révolution Culturelle Occidentale de Marguerite Peteers, op.cit.
[iii]La Mondialisation de la Révolution Culturelle Occidentale de Marguerite Peeters. Editions Institute for Intercultural Dialogue Dynamics page 127.
[iv]Cours de Marguerite Peeters à l’IPLH en décembre 2008
[v]La Mondialisation de la Révolution Culturelle Occidentale de Marguerite Peeters. Editions Institute for Intercultural Dialogue Dynamics page 127
[vi] Cours de Marguerite Peeters à l’IPLH en décembre 2008
[vii] Le Terrorisme à Visage Humain de Mgr Schooyans, Editions FX de Guibert, édition révisée de 2008 Page 163
[viii] Le Terrorisme à Visage Humain de Mgr Schooyans, Editions FX de Guibert, édition révisée de 2008 Page 164

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