Connaissez-vous «l’éco-sex», «le rituel d’activation fétiche», «le post porno» ou «l’installation de l’ordre moral par le coloriage»? Si ce n’est pas le cas, vous avez une semaine pour enrichir votre culture générale. En effet, aujourd’hui a commencé à Sciences-po, la «queer week», cinq jours d’évènements artistiques et de conférences qui mettent en valeur l’idéologie du genre.
C’est Richard Descoings qui, en 2010, avait lancé la première édition de cette semaine «des genres et de la sexualité». Elle était destinée, avec la création d’une chaire de gender studies, à faire du 27 rue Saint Guillaume, le temple des théories post féministes venues d’Outre atlantique, communément appelées «théories du genre». Le terme «queer» (en anglais: bizarre) à l’origine stigmatisant, avait été réappropriée par les mouvements LGBT pour mettre en avant la différence sexuelle et se construire une «identité de combat» contre la «domination symbolique» de la norme hétérosexuelle.
Thème des réjouissances, cette année: le(s) plaisir(s).
Coté «festif», la semaine s’est ouverte ce lundi avec une «performance» d’Hélène Barrier, Denis Sanglard et Sébastien Lambeaux, où un «rituel d’activation de fétiches nous [a introduit] dans le monde parallèle et spirituel des cultes vaudous et chamaniques, en connexion avec la nature et l’exacerbation de nos sens»
Pendant ce temps-là, dans un autre bâtiment de Sciences-po avait lieu une opération coloriage: «Les affiches circulent de lieu en lieu et rassemblent le public, invité à modifier les œuvres par le coloriage, sur un même thème: autour de l’ordre moral, utilisation du coloriage, première notion d’ordre moral donnée aux enfants par la classification des choses et des humains par repères coloré»
Enfin, les festivités se termineront vendredi par une grande soirée où le «collectif de perfomer CRISIS se feront un délice de vous subjuguer d’amour et de peinture fraiche pour une soirée ou l’art rencontre l’amour de la fête!»
C’est tout pour le ludique. Côté théorique, le porno est à l’honneur, avec une conférence inaugurale sur «les plaisirs précaires du travail pornographique», et une autre sur «Les tubes porno: business, usage et audience». On trouve aussi une conférence sur «les plaisirs de l’éco-sex» où vous pourrez découvrir l’ «écosexualité», une sexualité inspirée par la nature, d’une sexualité faisant partie de la nature, ou faisant en réalité l’amour avec la nature». Dans une conférence «Histoires des objets de plaisir», on discutera des enjeux des «godemichets et vibromasseurs» et leur «encadrement par le droit et la police».
Enfin, pour clôturer la semaine sur une note prospective, les plus zélés pourront assister à une table ronde intitulée: «alliances émancipatrices: au-delà du queer?», où «chacun.e des intervenant.e.s décrira ce qu’il et/ou elle cherche dans ses allié.e.s. Quelles coalitions commencent à devenir possibles maintenant que «la théorie du genre» est la cible d’autant d’hostilité de la politique institutionnelle? Est-ce que «queer» suffit pour les nommer?».
Mais tout cela ne serait rien sans les «ateliers pratiques» organisés toute la semaine dans les locaux de Sciences-po, comme «écrire son scénario sexuel», animé par Marianne Chargeois, «travailleuse du sexe». Ou encore l’atelier «de l’espace normatif à l’espace performatif: le post-porno» où il s’agira d’explorer ces «performances [qui] utilisent le corps pour mettre en scène une sexualité non-normée, dans le but de rompre avec une conception de l’espace public normative et implicitement hétéronormée.. A travers les performances, les corps stigmatisés, invisibilisés, dévalorisés sont transformés en outils de réaction à l’ordre normatif et, au même temps, de mise en question de règles dominantes.». Ou encore l’atelier «La réappropriation des corps trans par les trans eux-mêmes», animé Maud Yeuse Thomas et Karine Espinaira, auteur-E-s d’une «trancyclopédie».
«La théorie du genre n’existe pas» avaient dit Vincent Peillon et Najat Vallaud- Belkacem. Ils devraient aller faire un tour à Sciences-po.