La grossesse – Avoir, faire ou être?

La grossesse – Avoir, faire ou être?

« Du point de vue philosophique, la grossesse est-elle de l’ordre de l’avoir, de celui du faire ou de celui de l’être? » se demande avec pertinence la sociologue Sylviane Agacinski, dans son ouvrage Le Corps en Miettes publié chez Fayard en 2009.

Cette question fut fondamentale pour l’Homme de toute civilisation et de tout temps. Refusant le réel, notre civilisation y répond malheureusement de manière catégorique. Pour notre société post-moderne occidentale en effet, la grossesse est de l’ordre du désir, de l’avoir, du faire mais surtout pas de l’être. En aucun cas, la femme ne peut-elle être définie par rapport à ce primat de la Nature selon lequel la femme donne la vie.  Le petit d’homme, lui non plus, surtout quand il est caché dans le sein de sa mère, ne peut en aucun cas être considéré en fonction de son être. Il est un avoir et une fabrication dont on peut se défaire, et ce jusqu’à sa naissance.

Glissement sémantique

Les textes internationaux ont, depuis la conférence Internationale de l’ONU au Pakistan de 1969 sur l’extension des « services » du International Planned Parenthood Federation-le Planning familial- considérablement modifié le rapport de la société à la maternité. Par le biais de la transformation du langage, les textes de loi modifient le réel, lui donnant une autre valeur, et changeant sa teneur morale Ainsi, le glissement sémantique de plusieurs réalités ont permis de changer la culture en profondeur.

En voici quelques exemples: en France, on parle d’IMG  c’est à dire d’Interruption Médicale de Grossesse ou d’avortement thérapeutique. Or, thérapeutique ou médical ne peut pas qualifier l’avortement car on supprime le malade et non la maladie. La vérité de l’avortement devient ainsi plus acceptable.

De même, on parle de Projet parental pour justifier du désir d’accueillir un enfant déjà conçu ou un embryon congelé. Dans cette expression, l’embryon et le bébé sont déchus de leur nature humaine parce qu’ils ne seront accueillis que s’ils font l’objet d’un projet parental.

L’ONU va aussi imposer des expressions pour établir un consensus verbal que l’on ne discutera pas et que l’on retrouvera dans la bouche de nos dirigeants politiques : on parlera de grossesses non désirées, de droits sexuels et reproductifs ou d’égalité des Genres (Gender equality), gommant ainsi la réalité biologique et la différence des sexes.

Exemple récent de mise en application juridique

Le 10 mars 2014, le Comité Européen des Droits sociaux (CEDS) a rendu publique sa décision à la réclamation Fédération internationale pour le Planning familial – Réseau européen (IPPF EN) contre Italie. Cette plainte du Planning Familial contre l’Italie met en cause les difficultés pratiques rencontrées par les femmes italiennes désirant un avortement, en raison de la proportion importante de médecins refusant en conscience de se prêter à cette pratique.

Selon le CEDS, la grossesse est une cause de « santé déficiente ». Il estime d’ailleurs que « la question juridique centrale posée par la réclamation concerne la protection du droit à la santé » (§ 161). Gregor Puppinck du European Center for Law and Justice analyse cette décision: « Une telle assertion suppose que la grossesse est assimilée à une maladie dont l’avortement serait le traitement rendu difficilement accessible du fait du manquement de l’Etat italien à assurer la présence sur tout le territoire de médecins acceptant de réaliser des avortements. »

Entre décembre 2013 et mars 2014, au Parlement Européen, les rapports Estrela et Zuber ont tous deux tenté d’établir un « droit à l’avortement » et de l’inclure dans les « Droits à la Santé Reproductive et Sexuelle » des Etats Membres.

La grossesse telle qu’elle est comprise aujourd’hui

Qu’on est loin de la réflexion anthropologique et philosophique de la portée de la grossesse sur l’être femme, sur sa constitution psycho-biologique et spirituelle!  Au contraire, les femmes, en particulier les femmes des pays pauvres, sont constamment incitées à prendre le « pouvoir sur leur vie« , par ce qu’on appelle l’ « empowerment« . On les veut libérées du « joug de la maternité », exprimant tous leurs désirs sexuels, et autonomes de l’homme.

L’oppression de la femme par l’homme et la discrimination des couples homosexuels du fait de leur infertilité amènent nos dirigeants à clamer, à  la suite des penseurs féministes des années 70 et des théoriciens du Gender :

Finie l’oppression patriarcale de la maternité et vive la technoscience qui permet  à deux papas, trois mamans, trois papas et une maman, ou encore une Career Woman ayant congelé ses ovocytes vingt ans auparavant, de fabriquer ou d’avoir des enfants, dont ils décideront d’ailleurs peut-être que ceux-ci n’ont pas de sexe!

Et si les femmes désiraient profondément la maternité, le don gratuit de soi à sa famille? Et si elle désirait mettre la priorité sur l’éducation de ses enfants au lieu du monde du travail, par choix?

Non, le totalitarisme de la pensée féminisme « genderisée » ne passera pas par nous!

Pour aller plus loin voir Egalité Homme-Femme et Le rôle  de l’ONU.