L’Avortement au Japon
Voici quelques informations sur les pratiques contraceptives et abortives obtenues d’amies japonaises et de chiffres officiels. Intéressant pour comprendre la position de la femme dans la culture japonaise!
L’IVG est très répandu au Japon. Selon l’étude Goto , A. , Fujiyama-Koriyama, C., Fukao, A., & Reich, M. Abortion Trends in Japan, 1975-95. Studies in Family Planning , publiée en Décembre 2000 pour le Population Council, le nombre d’avortement en 1995 était de 343,024,soit une croissance de 49 depuis 1975. Pour justifier une demande d’IVG, il faut invoquer le danger pour la santé de la mère.
Après la Seconde Guerre Mondiale, le Japon se trouve face à une vraie crise sociale: 10 millions de personnes souffrent de la faim et la population croît, entre 1945 et 1950, de 11 millions. Le Japon devient ainsi un des premiers pays à légaliser l’avortement en 1948 avec la loi Eugenic Protection Law. A ce jour, ni l’accouchement, ni l’avortement, ni la pilule n’est remboursé.
La croyance bouddhiste de la réincarnation permet de déresponsabiliser les femmes sur le sujet: en effet, l’enfant trouvera quelqu’un dans une autre vie pour se réincarner. On n’associe pas de débat moral à l’avortement.
Cependant, les statues de Jizō sont témoins du chagrin et du deuil d’un enfant mort par fausse couche, avortement ou encore mort-né. Pour 50€, la famille peut prier Bouddha et faire représenter leur enfant perdu. Jizō est l’une des divinités les plus aimées et travaille à soulager la souffrance, la douleur et à réduire la sentence de ceux qui sont condamnés à la culpabilité et à l’enfer. Ces monuments de Jizō représentent «le gardien des mort-nés et des enfants avortés». Les Japonais croient que ,s’ils font faire une statue représentant leur enfant, ils seront pardonnés et en paix : ils leur apportent des jouets, des bonbons, de la nourriture qu’ils laissent devant la statue. Cela apaise Jizō qui leur amènera la paix. Ils pensent que s’ils ne le font pas, l’esprit de leur enfant mort leur fera du mal et viendra les hanter dans leur maison.
Ce rituel est utilisé pour tenter de faire le deuil de leurs enfants sacrifiés depuis 1603. Au cours de la famine de cette année-là, les femmes ont jeté leurs enfants du haut des falaises, ne pouvant plus les nourrir. Ce culte a été ravivé par la Seconde Guerre Mondiale car beaucoup de Japonaises étaient enceintes et avortaient du fait de la présence des soldats américains.
Aujourd’hui, on ne demande pas un avortement explicitement à son gynécologue ou son médecin. Le mari, qui doit donner son autorisation pour que l’avortement se fasse, va voir la sage-femme, geste codé pour demander l’avortement. A la campagne, c’est la position de la femme sur le futon du praticien par rapport au paravent qui la cache qui indique au médecin si elle vient pour un accouchement ou pour un avortement. Il y a donc beaucoup de non-dit autour de ce sujet. Ceci trouve sa source dans la culture à nouveau car au Japon, l’impureté vient en prononçant les mots.
Il est intéressant de faire mention d’un Manga sur l’avortement pour les filles de 11 à 15 ans. La bande dessinée relate la conversation du étudiante en gynécologie avec une amie à la maternité. Celle-ci raconte qu’elle ne parvient pas à être sympathique et tendre avec les jeunes accouchées car elle a elle-même avorté.
La position de la femme au Japon
Matriarcat ou patriarcat? Difficile de dire avec nos codes occidentaux. Ce qui est certain, c’est que la femme laisse penser à l’homme que c’est lui qui domine. Dans les faits, l’homme rapporte son salaire à la femme qui en dispose et lui remet une petite somme en guise d’argent de poche. Cela lui donne en fait une sensation de pouvoir qui est à l’opposé de l’image d’asservissement de la femme japonaise et l’image patriarcale véhiculée par la famille royale que nous pouvons ressentir. A noter que la Princesse Masako a eu une fille par FIV, ce qui écorne quelque peu le concept de puissance du sperme masculin.
La famille est définie par la mère et l’enfant. L’homme, lui, rapporte ce qu’il faut pour subvenir à la famille mais si son salaire baisse, ses sorties en pâtiront. Il faut préciser que même les femmes qui travaillent disposent du salaire de leur mari. A Osaka, la coutume veut que, si un chef d’entreprise valide un investissement, le Directeur Financier ira demander l’autorisation à l’épouse de son patron pour ce même investissement.