J’ai la joie de vous présenter un film émouvant Le Prolongement de Moi, à paraître le 5 septembre 2013. Il traite avec poésie et finesse d’un sujet crucial: la fibre maternelle existe-t-elle vraiment pour toutes les femmes?
Je vous livre l’interview que j’ai réalisé du réalisateur/concepteur talentueux, Steve Catieau, de ce court-métrage de 56 minutes achetable sur le site du film. Bonne lecture et courez acheter ce film !
Steve, parlez-nous de vous, de votre carrière de cinéaste, de vos choix de thèmes.
Que vous dire si n’est que j’ai l’impression d’être un OVNI dans ce paysage culturel ! Je vis à Paris, j’ai 33 ans, j’écris des livres et je réalise des films. J’ai à mon actif deux romans, une pièce de théâtre et trois courts-métrages dont « Le prolongement de moi ». Je suis avant tout un créatif. Je suis toujours en réflexion, en ébullition. J’avance, pour le moment sur des circuits que l’on dit hors traditionnels. C’est une forme de liberté et de total contrôle. Quant aux sujets, ils sont divers et variés ! J’aime aborder des thèmes de société qui sont parfois transgressifs ou tabous. Dans le court-métrage « Les Matrones » j’évoquais par exemple la sexualité des femmes d’âge mûr…
De quoi procède le choix de votre thème de l’existence ou non de la fibre maternelle ? De votre expérience personnelle ? De votre observation de ce phénomène dans notre société ? De votre intérêt pour les sujets tabous ?…
Je sais qu’il est difficile de sortir le réalisateur du sujet du film qu’il a écrit. Ce film n’est pas autobiographie. Il répond avant tout à des questions que je me pose, à l’envie de creuser un sujet. J’ai rencontré, il y a quelques années, une femme qui m’avait fait part de la relation qu’elle entretenait avec sa fille. Elles ne se voyaient plus et ne s’entendaient pas. Elle en parlait de façon très naturelle et parfois même un peu clinique. Cela a mijoté dans ma tête et autour de moi, de nombreuses personnes devenaient parents. La question m’est donc venue naturellement : aime-t-on forcement sa progéniture ? Et là, j’ai commencé à écrire…
Comment construisez vous vos films : vos acteurs, votre manière de filmer… ?
Je commence avant tout par écrire ! Je couche sur le papier les histoires que j’imagine visuellement dans ma tête. Je m’attache à la psychologie des personnages et à leurs mots. Ensuite, vient le moment, où je me demande si on peut passer tout cela en image ! Pour les acteurs, il s’agit essentiellement de rencontres. Savoir si nos univers peuvent se rencontrer à l’instant T. C’est quelque chose de très fragile la collaboration avec un comédien… Je n’hésite pas à solliciter certain avec qui je souhaite travailler. Et pour ma manière de filmer, il y a toujours des compromis à faire avec la technique. J’accorde de l’importance aux détails, et aux symboles. J’aime parfois le figuratif. Il faut savoir aussi faire le deuil de certaines idées parce que la technique ne suit pas ou faute de moyens…
Et la poésie musicale, des prises de vue qui habitent votre court-métrage » Le Prolongement de moi », comment vous vient-elle ?
Il est important pour moi que dans les dialogues sonnent comme une musique. Qu’ils donnent le rythme et accompagnent les images. J’ai tout fait pour que dans ce film, les mots sonnent juste dans la bouche des acteurs. Pour ce qui est la musique, il y a eu deux rencontres. Edward Barrow nous a confié ses chansons en toute confiance. J’ai pu choisir les morceaux qui allaient accompagner les images. La musique d’Edward possède une vraie mélancolie qui se marie très bien avec le film. Tout comme celle d’Elisa Point qui nous a offert une de ses chansons. Sa chanson arrive où l’héroïne commence à se remettre en question et c’est finalement son seul moment de confession. Par la voix d’Elisa, la jeune mère exprime son désamour avec la ritournelle « le mélange de nos cœurs ne prend pas »…
Enfin, pourquoi ce titre : le Prolongement de moi ? Y a-t-il une conviction cachée, une critique de la société… ?
Ce titre a plusieurs lectures… La naissance d’un enfant, c’est forcement le prolongement de deux êtres. Une continuité de deux regards qui peut être aussi perçue comme un acte narcissique. Celui de se reproduire pour se retrouver dans son enfant. Ce qui est certain, c’est que ce titre évoque le fait que nous héritons tous de quelque chose et que nous portons sur notre frêles épaules cet héritage consciemment ou inconsciemment.
La vision de WomanAttitude à propos de Le Prolongement de Moi – A lire quand vous aurez vu le film!
Helena était certes mère autant que moi je suis roi! Mais elle me semble aussi en retrait de tout le monde et même de sa vie, à l’exception de son job qui la passionne.
Par exemple, elle envoie balader sa grand-mère et, même si celle-ci ne lui parlait pas de Gabriel, je suis pas convaincue qu’elle serait en lien affectif avec elle.
Puis la scène avec Marlon est très significative de combien elle est en dehors de la vie et de la relation à l’autre : elle se moque de lui, alors que lui peut sembler sincère et heurté par sa désinvolture et son cynisme.
La mère d’Helena est une vraie sangsue narcissique: on peut comprendre qu’elle la vire de sa vie, vraiment!
Antoine est délicieux et préoccupé de Gabriel et de sa mère qui n’en est pas une.
Et la chute avant l’épilogue est majestueuse : pourquoi, Maman ? La souffrance exprimée est réelle. On la touche du doigt et le spectateur la ressent. On sent en toile de fond qu’Helena n’a pas de réponse, qu’elle est en dehors d’elle-même.
Enfin, l’épilogue soutient la théorie de retrait elle dit au revoir à toute son histoire avec des larmes certes mais un détachement qui montre le dédoublement d’elle-même.