Le roi Philippe de Belgique a signé dimanche la loi autorisant l’euthanasie des mineurs non émancipés, avec autorisation des parents.
La théorie du Double Effet vise à expliquer dans quelles circonstances il est permis de commettre une action ayant à la fois de bonnes et de mauvaises conséquences. Elle énonce plusieurs conditions nécessaires pour qu’une action puisse être moralement justifiée alors même qu’elle comporte de mauvais effets :
- L’action elle-même doit être bonne ou moralement neutre
- Le bon effet doit résulter de l’acte et non du mauvais effet
- Le mauvais effet ne doit pas être directement voulu, mais doit être prévu et toléré
- Le bon effet doit être plus fort que le mauvais effet, ou bien les deux doivent être égaux.
Cette thèse soutient en résumé qu’il est parfois justifié de produire une conséquence mauvaise si elle est seulement un effet secondaire de l’action, et non pas intentionnellement recherchée
Essayons, à l’aide de cette théorie, de comprendre si le Roi aurait eu la possibilité de refuser la signature du décret au lieu de se plier à ses obligations constitutionnelles ainsi qu’il l’a fait.
Dans ce cas de conscience dramatique que le Roi a dû traversé, la situation aurait pu se présenter de la façon suivante: le bon effet du refus de la signature du decret aurait été l’arrêt, même momentané, du processus législatif. Et le mauvais effet du refus du Roi aurait été la nécessité de son abdication puis, possiblement, la demande des opposants à la monarchie constitutionnelle (en particulier, les Flamands Nationalistes, la NVA de Bart de Wever) de séparation du pays en deux ou trois régions et de remise à plat de la constitution. L’effet indirect aurait donc pu être la disparition du Royaume de Belgique en tant que tel. Quand on connaît l’histoire de la Belgique, on saisit les dangers géopolitiques que cela représente tant pour le peuple belge que pour l’Europe.
Théorie du Double effet dans ce cas pratique:
- L’action de refuser la signature du décret est une action bonne moralement car cette loi est inique.
- Le bon effet de la mise en échec, momentané au moins, de la loi sur l’euthanasie aurait été la conséquence direct du refus de la signature du décret.
- Le mauvais effet n’aurait certainement pas été souhaité par le Roi, lui moins qu’un autre encore.
- Le bon effet est au moins égal au mauvais effet du fait du précédent créé pour les lois sur l’euthanasie qui tendraient à se généraliser à travers le monde, en particulier pour les malades âgés et les enfants, c’est à dire les plus faibles.
On peut donc prétendre que le Roi aurait pu refuser ce décret selon la théorie de St Thomas d’Aquin.