Maternités et Naissances à travers le monde – Exposition de photos à Bruxelles

Maternités et Naissances à travers le monde – Exposition de photos à Bruxelles

Cette très esthétique exposition de photos » Birth Day » de la Flamande  Lieve Blancquaert se tient à Bruxelles jusqu’au 5 janvier 2014.

Au début, l’âme est bercée par la beauté des images et par les émotions, remontant de nos propres maternités et accouchements, pour les lectrices qui ont déjà donné la vie. Puis, à la lecture des commentaires illustrant les photos, un malaise s’installe. Et la question reste sans réponse jusqu’à la fin de l’exposition:

La photographe a-t-elle voulu saisir, dans ses clichés, la beauté esthétique et la force de l’instant de la naissance? Ou bien veut-elle nous jeter dans l’ambivalence à l’égard de la maternité propre à notre culture post-moderne?

Tous les aspects de la maternité dans une variété de cultures sont couverts : Extrême pauvreté et conditions d’hygiène dramatiques, Souffrances physiques de la mise au monde, Maternité et mortalité, Femmes accouchant en tchador ou Burka, Grossesse d’adolescentes, Avortement, Abandon de bébés, Peur de la surpopulation, Abstinence…

Le choix de ces quelques citations connotées  illustrent l’ambivalence de la photographe:

« J’ai été enceinte à 14 ans. J’ai fait une fausse couche au troisième mois, à cause des drogues. Mais je l’ai vu comme un signe de Dieu: il m’a pris mon enfant car il savait que je ne pourrai pas m’en occuper. Maintenant, à 15 ans, je suis enceinte de deux mois et j’ai l’intention de garder l’enfant. J’ai mûri: les conditions pour l’élever sont bien meilleures. »

Gisèle, une enfant des rues – Rio de Janeiro, Brasil

« Je n’ai qu’un enfant en vie sur mes cinq grossesses. Mais je garde l’espoir qu’un jour, j’en aurai d’autres. Je n’ai pas le choix.  Il faut en avoir beaucoup afin d’avoir plus de chances d’en avoir un ou deux qui s’occupe de vous quand vous serez vieux.« 

Neza, qui vient d’accoucher d’une fille mort-né- Kamongo-Lubda, Congo

« Les enfants représentent tout pour nous, les Inuits. Transmettre nos traditions et notre culture est ce qui compte le plus à nos yeux. Il faut apprendre aux enfants à continuer de vivre dans ce monde-ci, dans ce climat-ci. »

Karoline, responsable de crèche – Nikimiut, Groënland

« Vendredi matin, je donnerai mon enfant. Jusque là, je veux le sentir contre moi. Je n’ai pas d’argent, pas de papier, pas de toit. Je n’ai nulle part où aller. »

Sabrina, mère sans espoir – Bruxelles, Belgique

« J’ai prié pour que ce soit un garçon. Après trois filles, il fallait que ce soit un garçon. J’ai senti plus de mouvements dans mon ventre que d’habitude mais il pouvait y avoir de nombreuses raisons à cela. C’est seulement à l’accouchement que nous avons découvert que c’étaient des jumeaux. Deux filles. Comment, au nom du Ciel, allons-nous survivre?« 

Champa Thikagar,  mère désespérée, Rajuakhaki, Inde

« Imaginez un instant que chaque couple ait un, deux, trois voire quatre enfants…. Que se passerait-il ? Shangaï est déjà surpeuplée. Nous n’y pensons pas. Nous obéissons à la règle. »

Summi Ju Lu, une mère qui vient d’accoucher – Shangaï, Chine

 « La surpopulation est une épidémie. ce n’est que lorsqu’elle provoquera la même panique que celle qui s’est emparée du monde au sujet du Sida, que nous pourrons la contrôler. Tant que cela n’arrive pas, nous sommes impuissants. »

Prof. Dr Marleen Temmerman, Directrice du Département Santé sexuelle et Reproductive à l’OMS

Au sujet des grossesses d’adolescentes: un témoignage vidéo retraçant la visite de la photographe dans un collège d’Atlanta où les adolescentes noires américaines sont très souvent surprises par une grossesse. Le film montre le personnel du collège incitant les jeunes à comprendre la prise de responsabilité que les jeunes prennent en ayant des rapports et en tombant enceintes (ceinture de grossesse et poupons à l’appui). Mais le point qui fera bondir notre photographe est l’encouragement à l’abstinence sexuelle, au fait de se préserver jusqu’au mariage. Aux yeux de Lieve Blancquaert, il est normal, voire hygiénique, d’assouvir son désir sexuel ds le plus jeune âge et, de ce fait, utiliser une contraception. Et la salle autour de moi haussait les épaules face à l’absurdité des propos de l’enseignante à ces jeunes noires américaines sur les vertus de l’abstinence.

Au sujet de l’avortement:  autre témoignage vidéo tourné en Finlande où une sage-femme rend visite à ses jeunes parturientes. Celle-ci évoque, fatiguée et saisie, le drame de l’avortement. « Il faut continuer de trouver des solutions pour éviter l’avortement. C’est catastrophique. Vraiment, il faut continuer encore et encore!« , témoigne-t-elle.

Pourquoi la photographe dénigre-t-elle l’abstinence? Pourquoi mentionne-t-elle uniquement le fardeau que portent les femmes en donnant la vie ? Et tout particulièrement, pourquoi cite-t-elle cette  scientifique de l’OMS qui associe la maternité à une épidémie?

Car à la crainte de la surpopulation, notre société mortifère répond par Droits Génésiques et Sexuels, Free and Safe Abortion for All  et Droit à l’Euthanasie pour « élaguer » le partie droite de la pyramide des âges.

Donner les moyens aux femmes, en particulier celles dont le témoignage est apporté ci-dessus, de vivre leur grossesse sereinement, de lutter contre la pauvreté, contre le manque d’hygiène, contre le poids des contraintes sociales, OUI!

Mais aussi, apporter un regard lumineux sur la beauté de la vocation de la femme à la maternité et dire et redire la joie de donner la vie!